La Complicité | Fondation Vincent van Gogh
Roberto Donetta, né en 1865 à Biasca, est vendeur de graines et pratique la photographie de manière autodidacte. Cette passion, « trop chère pour un passe-temps, trop peu lucrative pour un travail » (selon les mots de l’historien Antonio Mariotti) le conduit à laisser derrière lui près de cinq mille plaques de verre qui sont aujourd’hui conservées dans la Casa Rotonda, la maison où il a vécu et où il est décédé. Très peu sont datées, d’autres ont été détruites ou égarées. Il faudra attendre les années 1990 pour que ses productions reçoivent l’attention dûment méritée et conduisent à des présentations. Cette oeuvre photographique se voit accompagnée d’autres présences artistiques, à commencer par celle de Vincent van Gogh. Square Saint-Pierre au soleil couchant (1887), nouveau prêt annuel du Van Gogh Museum à Amsterdam, raconte un coin de nature à l’abri Du bouillonnement de la capitale. Il est observé depuis Montmartre, où l’artiste séjourna deux ans avant de gagner Arles en février 1888. Cet heureux dialogue se poursuit avec le travail d’une vidéaste expérimentale, Rose Lowder, née en 1941 au Pérou, ainsi qu’avec celui, nourri par l’argile, de Natsuko Uchino, née au Japon en 1983. Basées non loin de la ville d’Arles, ces deux artistes capturent le paysage, se saisissent de la terre ou des fleurs pour en faire des alliées sensuelles et cognitives par le biais de films au format 16 mm ou d’installations mêlant poteries et organismes vivants. L’expérience du sensible ainsi créée est prolongée par la présence de bouquets, au sein même des salles d’exposition, cueillis et assemblés par Marie Varenne, fleuriste qui mêle fleurs sauvages et cultivées, feuillages et graminées de Camargue, où elle réside. En contrepoint, les têtes excavatrices de Cyprien Gaillard intronisent des formes issues directement des terrains de construction, là où la terre est abîmée et transformée. Si le rapport au paysage dans l’oeuvre de Gaillard est spécifique, il convoque aussi, à travers notamment l’utilisation d’une pierre semi-précieuse de l’Utah, le land art et particulièrement Spiral Jetty (1970) de Robert Smithson. Pour finir, de modestes peintures représentant des accidents et leur résolution miraculeuse se nichent dans l’une des salles de la Fondation, en écho à la précédente exposition présentée, « … et labora ». Ces ex-voto provençaux véhiculent une imagerie populaire qui fait cas des points de bascule de vies fragiles et réglées par les rites.