Par dessus tout | Maison Volver
« La photographie de paysage se situe pour moi dans la continuité des représentations qu’en faisaient les peintres classiques ou les cartes de Cassini. Comme eux, je construis mes images à partir d’une position élevée, d’un promontoire. Du haut de mon camion nacelle, je dépasse la cime des arbres, j’ouvre la perspective, je vise au loin. Avec ma chambre panoramique ainsi montée, je me suis attelé à photographier la plaine de la Crau, la Camargue et les Alpilles de façon régulière. C’est une histoire de traits, de lignes et de courbes qui définissent et balisent le territoire. Je me suis attaché à y revenir sans cesse. Ce sont des territoires très contrastés, blancs, verts, ocres, désertiques, marécageux, plats, escarpés…, où l’urbain, le rural, l’industriel, les espaces naturels se touchent, se frottent et se frictionnent. Au coeur de ces espaces qui me fascinent, les hommes parcourent, cultivent, bâtissent, convoitent ou protègent ces terres. Malgré les conflits d’usages, ces paysages restent admirables, par dessus tout ». « L’art, c’est ce qu’on laissera quand il n’y aura plus rien » selon Régis Jauffret ; c’est un peu ce que peut penser un photographe (moi en l’occurrence) quand il photographie un paysage. Depuis 20 ans je fais des images du territoire en me disant que si le paysage est « emporté » par le climat social, le climat politique, le climat culturel, le climat tout court, il en restera toujours quelques chose. C’est à dire un négatif couleur de 6 par 17 cm qui, selon les normes de conservation, pourra être conservé, scanné, reproduit, agrandi, pendant plus d’un siècle à partir de sa matrice originale. »