Entre le pavot et l’humanité, c’est une vieille histoire. On en trouve trace, semble-t-il, chez l’homme préhistorique. L’opium était déjà utilisé par les Sumériens, il y a 3 000 ans, avant d’être cultivé sous l’Antiquité, puis dans les jardins monastiques. En 1804, la découverte de la morphine accélère le développement de sa culture jusqu’à son industrialisation contemporaine pour la production d’amphétamines. 

Est-ce pour son image de plante vénéneuse, ou pour le charme complexe et fragile de sa fleur délicate et impudique qu’Inès Dieleman consacre une longue série photographique exposée, comme par hasard, place Beauvau tout contre le Ministère de l’Intérieur?

La photographe nous la découvre dans toutes ses couleurs et ses états, de pudique à chatoyante, puis triomphante, même exhubérante, puis doucement déclinante à la fanaison.

Jeune plasticienne qui expose pour la première fois, on la sait très convoitée par les plus grands du luxe depuis plusieurs années, pour sa capacité à sublimer les objets avec des images à sens multiples, évoquant au-delà des produits notre rapport au monde et à la société. Dans cette luxueuse galerie marbrée, elle nous conte un récit d’amour et de mort, mais pas seulement. Dans une narration débridée, car elle a tant d’élégances à dévoiler, la fleur se fait successivement attendrissante, charmeuse, d’un érotisme cru puis évanescente, subtile, montrant du pistil sa fin, sous l’oeil affuté de la photographe dont les couleurs subtiles et les cadrages subjectifs forcent l’admiration.

Une histoire à ressentir avec tous les sens: l’image du pavot nous murmure et caresse tout en charme et en douceur.
Un paradoxe pour la seule fleur qui fut à l’origine d’une guerre, et surtout de la décadence de l’Empire de Chine, trouvant son origine dans une élite droguée par l’opium et corrompue par son trafic. Au cas où cela vous évoque un parfum d’actualité...

Antoine de Mareuil


Inès Dieleman - Pavot un livre et une exposition du 10 au 31 mars 2023

Photographier des fleurs, cela pourrait sembler banal à première vue. Pourtant l’écriture photographique singulière d’Inès Dieleman délivre un tout autre message.
Le regard de la photographe déjoue le premier degré. Dans son livre Pavot, elle nous emmène dans un univers de Polaroïds périmés aux tons chair et soie : gros plans de pétales, d’étamines et de tiges ; tourbillon de désir, de sexe, de volupté.
 
Des insaisissables fêlures, une fragilité vulnérable et cependant, l’attente de ce qui va encore advenir. Chaque image d’Inès Dieleman nous parle de l’étonnante magie de la vie et du pouvoir de la liberté. On s’attendait à des natures mortes, on découvre une vision intime de la vie : un érotisme sans âge.

« Chaque fleur a cédé, sous chaque angle, a concédé, à chaque distance, sa beauté, son intériorité. Floue, nette, lumineuse, dans l’ombre... On regarde et on voit, sans trop savoir pourquoi, Goya, Courbet... Puis on comprend enfin : les abeilles et les papillons, les vampires affamés et les amants heureux. » Jean Santilli

Galerie Éphémère 37.2 place Beauvau, 92 rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris VIII.

Antoine de Mareuil nous offre une introduction fascinante à l'exposition photographique "Pavot" d'Inès Dieleman, explorant l'histoire complexe de la plante de pavot. Les photographies captivantes de la fleur de pavot offrent une expérience sensorielle unique et nous invitent à contempler sa beauté délicate et intrigante.