Israël/Palestine : qui cultive la terre ? | Victorine Alisse

Au Moyen-Orient, la terre - qui la possède, qui la cultive, qui la contrôle, qui la conquiert - est au cœur du conflit. Dans le village de Wadi Foukin, entouré par la ligne verte et la colonie israélienne de Betar Illit, la deuxième plus grande colonie juive de Cisjordanie, les agriculteurs palestiniens tentent de sauver leurs derniers dounams (unité de mesure de la superficie) de terre que l'État israélien s'approprie progressivement. L'occupation israélienne entrave la production alimentaire en limitant l'accès aux ressources telles que les terres agricoles et l'eau. Les agriculteurs palestiniens sont contraints d'abandonner leurs terres pour travailler dans des fermes israéliennes où les salaires sont bien plus élevés. L'agriculture est un véritable acte de résistance pour ces agriculteurs. Cet acte n'est pas sans rappeler celui d es pionniers israéliens venus "faire fleurir le désert" et à qui on a interdit de travailler la terre en Europe pendant des années. En Israël, le lien avec la terre se perd, de moins en moins de jeunes veulent devenir agriculteurs. L'État hébreu manque actuellement de nouveaux agriculteurs et doit compter sur une main-d'œuvre étrangère composée de Thaïlandais, de Jordaniens et de Palestiniens. 

Je souhaite montrer la diversité de cette population agricole en interrogeant son attachement à la terre, imprégné de dimensions religieuses, politiques et identitaires. Ce travail explorera à la fois la perte du lien à la terre en Israël et la résistance des agriculteurs palestiniens pour la sauver.
Ce travail comportera à la fois des moments de vie dans ces familles d’agriculteurs, des scènes de travail et des portraits de ces agriculteurs et agricultrices avec leur témoignage écrit dans leur langue maternelle autour de leur portrait. En effet, j’ai décidé d’offrir la possibilité à la personne photographiée d’écrire sur l’image. C’est une manière de lui donner d’une certaine façon la parole et de l’impliquer dans la démarche photographique. Ce reportage permet d'aborder le conflit israélo-palestinien sous un autre prisme. 
Car sans la terre, il n’est pas de futur possible.

Au Moyen-Orient, la terre - qui la possède, qui la cultive, qui la contrôle, qui la conquiert - est au cœur du conflit.